Suzuki VZ-R 1800 Intruder

Publié le par kawax

Suzuki VZ-R 1800 Intruder 
Du gros muscle à l'accélération, un look Hot Rod à la limite du Dragster, un gommard arrière démesuré, bref cette Suzuki Intruder 1800 est totalement déraisonnable et c'est bien ça qui fait tout son charme. Soyons fous et apprécions ces sensations sans nous en priver de ce côté de l'Atlantique !

Le look Hot Road qui influence récemment la production japonaise a du bon. Alors merci encore à l'influence américaine sans laquelle cette Intruder 1800 n'aurait sans doute pas vu le jour ! D'ailleurs son importation a été à ce point très controversée qu'elle a failli ne jamais poser ses roues dans l'hexagone, où les gros customs ont encore du mal à trouver preneurs. A tort d'ailleurs, car l'Intruder 1800 est bien plus qu'un simple custom. 
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Posée sur sa béquille, il faut bien avouer que cette nouvelle Intruder en jette un max ! Elle devient sans aucun doute le custom le plus impressionnant de sa catégorie, suivi de près par la Triumph Rocket 3 dont le pneu arrière claque également un bon 240 mm en largeur ! Sa ligne se démarque de celle des customs traditionnels par son habillage massif, jonglant habilement avec le chrome et la peinture vernie. Rares sont les customs dotés d'une si longue tête de fourche et d'un entourage de radiateur quasiment intégral. Ajoutez à cela un train avant de sportive coiffé d'un garde-boue très enveloppant et vous obtenez une machine invraisemblable. D'ailleurs son réservoir " goutte d'eau " et sa sellerie restent parmi les rares éléments à conserver l'esprit custom traditionnel. Car plus haut, on est surpris par le guidon droit (T bar) ramené vers le pilote via deux énormes pontets taillés dans l'alu et judicieusement coiffés d'un joli compte-tours digital assurant du même coup la fonction de saute vent. Si l'avant nous rappelle les extravagants prototypes réalisés à la main par certains préparateurs Harley, l'arrière quant à lui nous plante dans un décor davantage typé dragster. Avec un peu d'imagination, on sentirait presque le méthanol brûlé, tant le Dunlop en taille 240/40 x 18 paraît vouloir arracher le bitume ! L'ambiance est bien là et chaque détail soigné pour coller avec cet aspect brutal et sans compromis. En plongeant dans les entrailles du monstre, on apprécie les jantes quasiment pleines et signées Enkei, un manufacturier spécialisé dans les modèles adaptables sur voitures américaines. D'autant que l'adoption de la transmission par cardan dégage visuellement cette sublime jante arrière. De l'autre coté, l'échappement impose ses deux longs " guns " biseautés dont émane un rock'n roll vigoureux et à faire pâlir n'importe quelle Américaine d'origine. La sellerie s'intègre parfaitement dans le large garde-boue arrière plongeant juste au-dessus du gommard. Admirée de l'arrière, la Suz' renvoie un sentiment d'invincibilité, comme si tous ses muscles gonflés à la testostérone s'apprêtaient à écraser tout ce qui aurait la prétention de jouer avec elle. La forte sonorité dénuée d'inertie renforce cette virilité exubérante. À chaque feu rouge, l'étonnement des passants, des automobilistes et même des motards suffit à se rendre à l'évidence : l'Intruder 1800 est un phénomène à part entière. 

La finition se montre donc particulièrement léchée, laissant transparaître une fabrication de qualité. Tous les éléments plastique sont bien ajustés tandis que les caches chromés attenants au moteur renvoient une illusion de vrai métal. Autre trait caractéristique, les commodos moulés dans l'alu brossé et le feu arrière jouant la modernité grâce à un festival de diodes. Les instruments se retrouvent donc accolés au réservoir, outre le compte-tours et les témoins (phare, réserve, clignotants, injection, neutral et rappel de révision) directement fixés au-dessus du guidon. Le tableau affiche complet avec entre autres un tachymètre à aiguille très lisible et une paire de cadrans digitaux renseignant sur le kilométrage total et un partiel, sans oublier l'heure et la jauge à essence. En revanche, on regrette que le bouchon d'essence ne soit pas monté sur charnière, un détail que l'on retrouve malheureusement sur tous les customs. La selle passager plutôt épaisse et pas désagréable, peut être remplacée par une petite coque en plastique épousant parfaitement la forme du garde-boue, afin d'affiner davantage son look en cas de balade solitaire. Cela dit, avec un tel engin, on ne reste pas longtemps seul, avis aux célibataires ! Si le look de cette Intruder paraît démoniaque, la position de conduite ne l'est pas moins. L'assise très basse (700 mm) s'avère aussi confortable grâce à selle large et moelleuse. En revanche, il faut aller chercher le guidon loin devant sans pour autant trop écarter les bras, mais en courbant néanmoins le dos. Les repose-pieds situés en avant sont fixés à 720 mm de la selle, si bien que les genoux se plient légèrement, du moins juste ce qu'il faut. Il en résulte une position inédite, au premier abord confortable, mais qui à la longue a tendance à " casser " le dos. Seul bémol, le sélecteur de vitesses et la pédale de frein restent loin des repose-pieds, rendant leur action peu intuitive. On note également que le proéminent réservoir ne gêne finalement pas le pilote, alors que celui-ci est parfois obligé de s'allonger pour braquer le guidon à fond. Sous la selle en revanche, inutile de chercher le moindre espace de rangement, idem concernant le maintien du passager, qui aurait mérité une poignée au vu de la brutalité du gros twin Japonais. 

L'Intruder affiche 300 kilos à sec sur la balance et environ 350 kilos tous pleins faits. Autant dire que les manoeuvres avec le moteur arrêté deviennent très vite une galère. Au bout d'une dizaine de mètres de poussette, on comprend sa douleur ! Laissons donc le monstre aux gaillards qui se délecteront de cette vibration si charismatique ressentie dès que l'énorme twin de 1800 cm3 tourne au ralenti. Bravo d'ailleurs à Suzuki qui a réussi à filtrer juste ce qu'il faut, laissant ainsi les coups de pistons battre (presque) au rythme du coeur du pilote sous une sonorité virile et grisante. On sent pleinement la mécanique vivre sous nos fesses, et pour faire monter la pression sanguine, rien de tel qu'une brève accélération au point mort. Le moteur étant dénué de toute inertie et doté de l'injection électronique, ses montées en régime se calquent parfaitement aux mouvements du poignet droit. D'emblée, le décor est planté et l'Intruder arrive même à m'intimider quelque peu, avant même les premiers tours de roues... Un coup de première et vogue la galère ! L'impression de chevaucher un vrai monstre est bien réelle. La moindre sollicitation des gaz au-dessus des 2000 tr/min se traduit par une violente accélération jusqu'à 7 500 tr/min sans fléchir une seconde.Ça décoiffe, c'est le moins que puisse dire, avec la même vigueur sur les cinq rapports. Plus tard, la Suzuki fera même preuve d'une allonge bluffante, soit un compteur bloqué à un bon 240 km/h (sur piste). Les reprises sur les deux derniers rapport s'avèrent également époustouflantes. Les 106 chevaux à 6 000 tr/min (pour notre version française) se bousculent à l'appel et surtout le couple atteignant les 16 mkg assure une force de traction telle que la Suzuki peut rivaliser avec des quatre cylindres bien plus puissants. Ainsi, le gros pneu arrière se justifie pleinement, puisqu'il permet de " passer " tout le couple sans en laisser une miette sur le tarmac. À basse vitesse, le twin se montre encore facilement gérable, mais il commence à sérieusement cogner sous la barre des 2 000 tr/min, obligeant à rouler en première jusqu'à 50 km/h. 

Son look radical et son moteur viril assurent l'essentiel du caractère de l'Intruder, au détriment de sa maniabilité. C'était prévisible, la Suzuki éprouve beaucoup de mal dans les manoeuvres serrées, si bien qu'il faut beaucoup s'investir physiquement pour lui faire prendre de l'angle. Sans doute sa géométrie générale l'handicape-t-elle plus que son pneu arrière, car la Rocket 3 équipé de la même monte ressort finalement bien plus vive sur ce point. Du reste, dans le trafic dense en ville, la Japonaise peut facilement se faufiler entre les voitures grâce à son guidon étroit. Mais lorsque qu'il faut changer de file entre deux pare-chocs, ça se complique. On l'imagine sans mal, l'engin s'accommodera bien davantage des routes belles routes secondaires. Car dès que les courbes se tendent, elle profite de sa stabilité imperturbable pour profiter de toute sa cavalerie. D'ailleurs une fois passés les 50 km/h, elle ne rechigne pas devant un changement d'angle rapide, tant qu'on utilise la méthode du contre-braquage. Sa suspensions ferme lui assure une excellente stabilité, limitant ainsi les mouvements de pompage.... en retransmettant aussi sûrement les chocs dans le dos du pilote. On ne peut tout avoir, d'autant que l'Intruder gagne en prise d'angle grâce à ses simples repose-pieds, moins encombrants que les marchepieds équipant à la majorité des customs. Au rayon freinage, les étriers radiaux valent leur pesant de performances, ce qui n'est pas du luxe pour arrêter les 300 kilos catapultés ardemment par le gros twin. Au final donc, derrière son gabarit démesuré, cette Intruder reste une moto agréable à rouler lorsqu'on sort des milieux embouteillés. Avec le temps, ses vibrations et surtout sa sonorité pleines de vie compensent ainsi son comportement de camion à faible allure. Affichée à 13 999 €, la Suzuki bénéficie d'un tarif plutôt " placé " par rapport à celui de la concurrence japonaise, et surtout nettement moins élevé que celui d'une Harley-Davidson V-Rod, tout en revendiquant autant de caractère et de puissance. Une option qui séduit, c'est incontestable, puisque même notre judoka national David Douillet, s'est laissé tenté, c'est dire !

Publié dans essais

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F
Imposante !Faudrait que l'on essaye ça un jour ...
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K
comme tu dis! a essayer.... si tu as la possibilité c'est super!!  A++
J
Très belle moto mais surement peut de candidat pour l'acheter !@+++
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K
en effet! elles sont toutes tellement belles.....  non non!!  ne confond pas avec les blondes!!!  lolA++